Festival de Chaillol : l’itinérance, une modalité de relation avec le territoire

L’accessibilité à la culture : un sujet d’actualité intégrée au principe de la Responsabilité Sociale des Organisations culturelles, tout autant que la réduction des déchets ou les achats locaux.
Depuis 22 ans, le festival de Chaillol dans les Hautes-Alpes s’est engagé dans cette voie en faisant le choix de l’itinérance. Michael Dian, directeur de l’Espace Culturel de Chaillol, Scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire, nous explique cette démarche.

« On pourrait penser que la floraison d’initiatives culturelles itinérantes est une adaptation du milieu culturel à la situation économique du moment. En faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les artistes sauveraient ainsi ce qui peut l’être par une sorte de compromis provisoire mais au fond peu enviable puisqu’il les forcerait à renoncer au confort douillet d’un lieu bien à eux, protégés par quatre murs épais…
Mais ce serait passer à côté de la savoureuse modernité de ces démarches artistiques, parfaitement inscrites au cœur des territoires, véritables signatures de notre époque, comme au tournant des années soixante-dix la création des premières Maisons de la Culture fut celle de la décentralisation. Si l’on consent que le mobile économique ne puisse, à lui seul, rendre raison d’initiatives qui préfèrent le grand air et les petits lieux à une organisation plus conventionnelle, il faut alors chercher dans les aspirations (et les exaspérations) de notre époque ce qui nourrit ce désir entêté de faire autrement, désir qui palpite de l’urgence d’un rapport à l’Autre renoué, d’autant plus authentique qu’il s’encombre de peu.

actualités des festivals éco-responsables

Des liens plutôt qu’un lieu, tel pourrait être le slogan fédérateur de toutes ces démarches de territoire, souvent ruraux ou périphériques, privilégiant des logiques de circuit court. Inventives, militantes, généreuses, portées par des citoyens dotés d’un sens aiguisé de l’intérêt général, pleinement conscients des réalités économiques mais revendiquant la plus haute exigence artistique, les scènes nomades le sont par choix. Les artistes et les populations qui les fréquentent goûtent là le bonheur retrouvé d’être ensemble, petite communauté d’un soir que réunit, par-delà les joies de la musique, la conscience qu’il en faut peu pour être heureux…
En fondant le festival de Chaillol, nous avons préféré au confort d’un lieu de diffusion classique l’itinérance dans le territoire haut-alpin, que nous désirions avant tout comme une modalité de relation avec les populations. De cet écart initial, de ce déplacement opéré au cœur de nos représentations, dans le vif de nos habitudes, ont découlé une série d’ajustements imperceptibles mais tellement agissants qui continuent d’opérer, modifiant profondément et durablement nos rapports à la musique, aux œuvres, à la production artistique, et à ce que partout ailleurs on nomme la médiation avec le(s) public(s).
Dans ce territoire rural, une communauté attentive et bienveillante se reconstitue régulièrement, témoin recueilli des conversations qui se nouent entre gens de montagne et gens de musique, également sensibles à l’appel du plus haut.»

Pour mieux guider et accompagner son public dans cette itinérance, le festival de Chaillol propose une carte interactive incluant les lieux et programmations.

Festival de Chaillol : 17 juillet – 12 août 2018 , Renseignements