You are currently viewing Le Festival d’Aix-en-Provence publie son plan d’action environnemental 2024 – 2027

Le Festival d’Aix-en-Provence publie son plan d’action environnemental 2024 – 2027

Le Festival d’Aix-en-Provence est un festival d’art lyrique, qui organise sa 76ᵉ édition en 2024. Dédié à la création d’opéras ainsi qu’à la programmation de concerts, il se distingue à la fois par son envergure internationale et par son ancrage territorial, signifié par la présence d’une programmation gratuite dédiée aux publics locaux.

Membre fondateur du COFEES, le festival s’investit depuis plus de 10 ans dans l’éco-conception des décors — il publie par ailleurs le “Guide d’écoconception des décors d’opéra” en 2018 — et inscrit la RSO dans ses statuts dès 2020.

Pour progresser dans sa démarche éco-responsable de manière cohérente et évaluable, le Festival d’Aix-en-Provence a annoncé s’être doté d’un plan d’action co-construit avec ses parties prenantes en interne. Ce plan d’action, qui regroupe 70 actions dans 9 domaines d’intervention, vient renforcer et structurer son engagement.

Pour en savoir plus sur la mise en œuvre de ce plan, nous avons interrogé Céline Guingand, référente RSE/RSO du festival et responsable administrative et financière du COFEES.

Qui est à l’initiative de ce plan d’action et comment l’avez-vous construit ? Quels objectifs poursuivez-vous avec sa mise en place ?

Les aspects humains, sociaux et environnementaux des actions menées par le festival sont importants pour ses équipes depuis longtemps. Plusieurs groupes de travail internes sont organisés dès 2020 pour réfléchir sur les thèmes de la RSO tels que l’égalité, la discrimination ou l’accueil des salarié·es en situation de handicap.

En 2023, un engagement est pris sur le thème de la transition écologique avec l’organisation d’un séminaire pour les managers, l’animation de fresques pour le climat auprès d’une soixantaine de salarié·es et une journée d’intelligence collective autour des actions pour réduire l’impact environnemental de l’événement. Ces temps de travail ont permis d’identifier les actions présentées dans le plan d’action global.

L’objectif de cette démarche est de se doter d’un plan d’action solide, cohérent et co-construit avec les parties prenantes internes pour que le festival progresse dans sa démarche éco-responsable et travaille à réduire ses impacts de manière stratégique et échéancée.

Quels sont les sujets sur lesquels le festival a engagé des travaux suite à la conception de ce plan ?

Cette démarche est accompagnée d’une sensibilisation interne continue sous forme de newsletter mensuelle dédiée à la RSO ou de rencontres avec des personnalités inspirantes sur des thématiques telles que la consommation responsable, l’alimentation et la mobilité. Des stands thématiques sur le “zéro déchet” ou le compostage ont aussi été proposés lors de notre journée du personnel 2023.

Un travail spécifique a été engagé sur les enjeux de déplacement domicile-travail pour comprendre les pratiques des équipes et identifier des leviers d’action. Un groupe de travail dédié a été constitué avec des membres des délégué·es du personnel et un travail de lobbying auprès des AOT (Autorités Organisatrices du Transport) est à l’œuvre.

On peut aussi citer un diagnostic énergétique qui est en cours de réalisation sur deux des bâtiments occupés par le festival, ainsi qu’une analyse chiffrée de ses impacts qui est en cours via la complétude du calculateur SEEDS. Les résultats de cette analyse devraient être publiés au dernier trimestre 2024.

Quelles fonctions ou services au sein du festival ont été impliqués dans le développement du projet et sa mise en place ? Comment est-ce que cela a été accueilli ?

L’ensemble des services est embarqué dans cette démarche. Chaque temps de concertation vise à rassembler des typologies de contrats et de métiers représentatives de la structure dans son ensemble.

Les équipes du festival sont très enthousiastes et engagées sur les thématiques RSO, donc sensibles et curieuses, même si elles manquent parfois de temps pour s’engager plus fortement.

Quels freins ou réticences ont été rencontrées à la mise en place du projet ?

L’animation et la coordination de la stratégie nécessitent beaucoup de temps et mobilisent un grand nombre de personnes pour qui ces missions liées à la RSO ne font pas partie de leurs missions principales. Pour s’impliquer, elles doivent donc dégager du temps dans une structure où le rythme de travail est souvent en flux tendu.

Nous n’avons pas relevé de réticence, mais parfois des craintes des participant·es de ne pas voir se réaliser les mesures qui sont présentes dans le plan d’action. Il faut beaucoup rassurer, faire comprendre que certains changements prennent du temps et que les habitudes de travail ne peuvent pas évoluer du jour au lendemain.

Les freins que nous rencontrons concernent la manière même de mettre en œuvre ce plan d’action : savoir prioriser, échéancer selon nos capacités et les autres problématiques rencontrées par le festival est crucial.

Quels sont les résultats obtenus à ce jour ?

Le premier résultat, c’est un plan d’action concret, partagé, publié et diffusé dans la presse. C’est une feuille de route sur laquelle nous pouvons nous baser pour construire la suite de manière ordonnée. Ce support est aussi une officialisation de l’engagement et de la volonté du festival sur ces sujets. C’est un document sur lequel nous pouvons nous appuyer lorsque nous dialoguons avec nos parties prenantes, notamment externes.

Un groupe de travail autour des enjeux d’alimentation responsable a par exemple émergé suite à ce travail et dans la continuité d’une formation interne organisée en février 2024.

Mais plus qu’un “simple” plan d’action, le résultat positif réside surtout dans l’émulation collective que cela crée au sein d’équipes qui sont pourtant pour la plupart saisonnières. Malgré le fait qu’elles ne travaillent pas ensemble à l’année, on ressent une cohésion qui est essentielle. Notre objectif est de pouvoir continuer à embarquer tout le monde sur ces sujets, malgré les impératifs du quotidien.

Quels conseils donnez-vous à des festivals ou structures culturelles qui souhaitent développer le même type de projet ?

S’appuyer sur une diversité d’expériences, de regards et de postures dans la structure. Cela permet d’avoir une vision globale et cohérente des possibilités, des freins et des motivations de chacun·e.

Quels sont les projets à venir ?

Nous relançons notre campagne de lutte contre les discriminations et les VHSS qui est diffusée depuis la mi-avril 2024 auprès de l’ensemble des équipes artistiques et internes. Nous préparons aussi, pour une 2ᵉ édition, une enquête auprès des artistes pour identifier les axes d’amélioration de notre stratégie RSO sur son versant sociétal.

Photo d’illustration © Festival d’Aix