Le COFEES porte depuis 2023 le projet Avignon Mobilité Durable. Son objectif ? Encourager et accompagner le développement d’une offre de mobilité durable à destination des publics des festivals de la région et de la population locale. L’une des étapes clé de ce projet prend place en juillet 2024 : la Région Sud décide d’initier et financer l’expérimentation d’une offre de « TER nocturnes », permettant de quitter Avignon en soirée après la fin des spectacles et proposant une alternative à l’usage de la voiture personnelle.
Pour tester l’efficacité et la praticité de ces nouvelles dessertes, rien de mieux que de les… tester ! Céline de notre équipe s’est donc portée volontaire, et vous livre son carnet de voyage ci-dessous.
La température était encore supportable pour un 12 juillet à Avignon, mais j’étais malgré tout heureuse que la navette gratuite en direction du centre-ville soit arrivée si rapidement, après que j’aie garé ma voiture au parking-relais de l’île Piot. Il était 10h30 et nous n’étions qu’une poignée de personnes à monter dans le véhicule électrique qui traversa le pont Daladier en cinq minutes pour nous déposer à l’entrée des remparts au niveau de la Porte de l’Oulle.
J’avais contacté l’avant-veille l’office de tourisme pour trouver une bagagerie qui garderait ma valise pour la journée, et jusqu’après mon spectacle prévu le soir. Il n’y avait qu’un hôtel qui acceptait de rendre ce service 24h sur 24h : l’Ibis Budget Centre. Après dix bonnes minutes à faire rouler mon bagage notamment dans des gravillons, j’avais été accueillie avec beaucoup de courtoisie et confiais mes affaires moyennant deux euros.
Il me fallait alors me diriger vers le Théâtre des Halles pour assister à une table-ronde, dont le titre était « Je coopère donc je survis », organisée par le réseau Traverses. Si, comme le définit le Larousse, la coopération est l’action de « participer à une œuvre commune », cette première étape de mon parcours symbolisait bien les raisons de ma présence à Avignon cet été 2024. Nous travaillions, au sein du COFEES, sur une ambitieuse expérimentation autour de la mobilité durable des festivals depuis vingt-deux mois. J’avais rejoint la cité des papes pour trois jours afin d’observer les premières concrétisations de ce vaste projet, et notamment « tester » les nouveaux trains nocturnes mis en place par le Région Sud.
Je passais une partie de l’après-midi au sein des splendides locaux de la CCI pour participer en visio au comité de cadrage du FOCUS du COFEES. Plus tard dans la soirée, je rejoignais le Cloître des Célestins – mon téléphone me félicita d’avoir fait 10 000 pas depuis mon réveil – pour assister au spectacle « Avignon, une école » de Fanny de Chaillé. Il commençait à 21h et sa durée annoncée était de 1h40 : tout était parfait pour que j’aille récupérer ma valise et que je saute dans mon train pour Cavaillon à 23h30. Tout était parfait jusqu’à ce que je consulte l’heure au moment des applaudissements et que je réalise que la représentation avait duré deux heures !
Après un bref footing dans un sens pour arriver à l’Ibis, puis dans l’autre sens pour rejoindre la gare, j’avais chaud. Mais j’étais surtout curieuse de découvrir combien nous serions ce soir-là à emprunter les TER nocturnes affrétés par la Région. Il n’y avait pas foule aux abords des quais et je n’eus ni à faire la queue pour prendre mon billet (à 8,70€) ni de difficultés à trouver une place dans la rame. Une fois installée, je fus progressivement rejointe par quelques dizaines de personnes de différents profils.
Il y avait majoritairement des jeunes entre 16 et 25 ans qui ne s’étaient a priori pas rendu à Avignon pour le Festival, mais pour retrouver des amis. J’en concluais que cette « population bien connectée » avait eu vent de ce nouveau service directement dans les applications mobilité du territoire. Et compte-tenu des avantages tarifaires qui leur étaient réservés grâce à la carte Zou – et la liberté qu’offrait ce type de transport en termes de consommation d’alcool – ces trains devaient leur sembler particulièrement attractifs.
Je papotais avec un couple de cinquantenaires, en vacances à Châteauneuf-de-Gadagne chez des amis. Ils étaient aguerris aux mobilités douces et partagées, non par motivations écologiques mais plutôt pour le confort qu’ils y trouvaient. Ils me racontaient qu’ils avaient découvert un peu par hasard l’existence d’une gare sur leur commune de séjour, et s’amusaient du fait « qu’il n’y ait même pas de quai et que la descente du train se fasse sur du gazon ». Ils étaient ravis d’avoir accès à ces trains tardifs pour profiter librement du Festival.
Deux agents nous escortaient tout au long du trajet, passant à plusieurs reprises parmi nous, avec beaucoup de bienveillance. La plupart des passagèr.es sortirent à Morières-Lès-Avignon et nous n’étions plus que cinq ou six quand nous arrivions à destination, vers minuit. Il me restait alors une bonne dizaine de minutes à marcher jusqu’à mon hôtel, dans lequel je pénétrais par la porte de service puisque l’accueil était fermé depuis 22h.
La climatisation de la chambre, qui avait dû tourner toute la journée, était réglée à 21 degrés. Après l’avoir éteinte, je ne dormis que quelques heures puisqu’il me fallait prendre un car à 8h20 le lendemain pour retourner sur Avignon. J’avais eu beaucoup de difficultés à trouver les bons horaires de la ligne 907, mais je tentais ma chance car les trains du matin partaient trop tôt pour moi. Après m’être perdue en chemin pour la gare routière, un gentil cavaillonnais me déposa in extremis au bus. Le conducteur m’annonça que je ne pouvais pas régler (2,50€) en carte bleue car les véhicules n’étaient pas équipés (!!!). A la vue de ma détresse, il me laissa voyager sans titre (!!!).
Au programme de cette deuxième journée : une rencontre professionnelle organisée par la Fondation Crédit coopératif intitulée « Agir pour nos transformations » le matin, une réunion de travail avec l’ISTS sur la mise en œuvre d’une formation « Référent·e RSE » l’après-midi, pour conclure par un spectacle. Je naviguais à pied dans l’intra-muros, entre le cloître Saint Louis au sud et le gymnase Aubanel plus au nord, en faisant une brève escale fraîcheur devant le petit lac du Jardin des Doms. J’allais encore satisfaire le podomètre intégré à mon téléphone !
Après avoir savouré le sublime « Lacrima » de Caroline Guiela Nguyen, je reprenais tranquillement le chemin de la gare, pour ma deuxième expérience de « cliente mystère » des TER nocturnes. Cette fois-ci, le hall grouillait de quelques personnes, plutôt âgées. J’interrogeais un groupe de trois femmes retraitées sur leur présence dans ces lieux à 23h30. L’une d’elle vivait à L’Isle-sur-la Sorgue ; ses deux amis lui rendaient visite pour le Festival. Elles étaient enchantées de venir à Avignon sans voiture et de pouvoir, cette année, profiter des soirées en ville.
Le lendemain matin, je quittais mon hôtel cavaillonnais avec ma valise et prenais mon bus avec des espèces en poche. Arrivée à Avignon, je rejoignis l’espace occupé par la Région Sud pour ses rencontres professionnelles. Nous organisions un atelier sur la mobilité durable des festivaliers autour de notre expérimentation qui, à la vue du peu de participant.es « externes au projet », se transforma en une séance de travail sur les perspectives de développement de ce nouveau service de trains.
Pour une première année de mise en œuvre, les premiers chiffres de fréquentation semblaient rassurants. Ils laissaient entrevoir de belles perspectives de croissance à la condition que la communication soit anticipée et renforcée sur les prochaines éditions. En franchissant les remparts en direction du parking-relai, j’étais pleine d’espoir quant à l’avenir de de ce dispositif et des pratiques ferroviaires. Je rentrais à Aix-en-Provence, à contre-cœur, en voiture.
Vous aussi, vous étiez à Avignon pendant les festivals de juillet ? Nous aimerions en savoir plus sur vos déplacements et votre expérience de la mobilité sur place : rendez-vous par ici pour participer à notre enquête (environ 5 minutes) ! Vos réponses contribueront à l’identification des solutions de transport pratiques et écologiques susceptibles d’être mises en place à l’avenir.