Ce jeudi 7 novembre, le COFEES réunissait plus de 130 personnes issues de différents champs de la culture et des institutions publiques pour la première édition de son Forum des initiatives responsables de la Culture en région Sud (FOCUS). Un moment charnière pour l’association, qui célèbre en 2024 sa 10e année d’existence.
Dans un contexte de plus en plus contraint, où l’enjeu environnemental et social peine à trouver une priorité, la teneur des discussions a illustré avec vigueur la détermination des festivals et autres structures culturelles à conduire leurs transitions et à agir sur leurs propres trajectoires.
Les équipes qui portent ces projets culturels, convaincues du caractère essentiel de leurs événements pour créer des espaces de rencontre, de dialogue et de porosité, s’engagent dans des efforts complexes pour repenser leurs modèles. Changer de cadre est un processus de longue haleine, pour lequel il n’existe ni solution ni méthodologie toute faite : il appartient à chacune et chacun de déjouer les verrous qui bloquent son changement… Au risque de se pénaliser soi-même, comme l’a rappelé le sociologue Tomas Legon dans sa keynote d’ouverture.
Plusieurs partages d’expériences concrètes ont ponctué le déroulé de la matinée, afin d’inspirer et nourrir les réflexions des participantes et participants. On y a appris que réorienter son modèle implique également de convaincre ses partenaires financiers. C’est le cas du Festival des Transes Cévenoles dont l’équipe a rencontré des difficultés à défendre son changement de programmation puis sa transition vers un festival gratuit. À Morlaix, les partenaires publics ont dû être rassurés qu’une réduction de jauge et un changement de lieu du festival Panoramas ne nuiront pas à l’attractivité du territoire.
Au cours de l’après-midi, un atelier participatif géant a permis d’intégrer pleinement la réflexion collective au déroulé de la journée et d’ouvrir des espaces de dialogue entre participantes et participants. Deux questions cadres ont été données pour orienter les discussions : “Quelles formes peut prendre la solidarité entre opérateurs culturels en région Sud ?” et “Quelles contraintes pouvons-nous mieux surmonter collectivement ?”. Par deux, par 4 puis par 8, ce format facilitant l’expression de toutes et tous a permis aux personnes présentes de débattre sur ces interrogations et d’identifier des réponses communes.
La restitution a mis en lumière, de nouveau, le besoin des acteurs de travailler ensemble sur des sujets de mutualisation et de coopération, voire transsectorielle. La solidarité économique entre gros et petits acteurs, par voie de savoir-faire, de mécénat de compétences ou par la création d’un fonds commun de solidarité, a aussi été évoquée, au même titre que la mise en place d’une assurance commune face aux aléas climatiques, reflet d’une inquiétude croissante face à ces risques.
Des personnalités expertes, professionnelles du secteur ou représentantes d’entités publiques, ont ensuite participé à une série d’ateliers axés autour des outils et méthodes du changement. Aides à la transition, diagnostics environnementaux, mais aussi, entre autres, le statut de sa société : Mohamed Sifaoui, directeur général de Tënk, est ainsi revenu sur les équilibres de rapports entre dirigeants et salariés-coopérateurs que permet le cadre d’une coopérative. Micha Ferrier-Barbut, sociologue et experte en accompagnement RH des entreprises culturelles, a quant à elle mis en lumière les limites du statut associatif dans une démarche de management. En questionnant la salle et son public, elle a permis une réflexion profonde sur les statuts et l’ensemble de textes qui définissent la situation d’une structure.
Le FOCUS s’est achevé sur un dernier temps de débat autour des attentes des instances publiques vis-à-vis des projets culturels de demain. Deux collectivités, l’Agglomération Provence Verte et la Ville d’Aix-en-Provence ont fait face à un représentant de l’État et un grand festival régional, avec comme objectif d’interroger la complémentarité ou l’antinomie de leurs exigences en termes de transition du secteur culturel. Un moment important dans la journée, tant ces exigences sont parfois incomprises ou jugées en décalage par rapport aux réalités rencontrées sur le terrain. Et un moment qui a permis certains éclairages : un CACTÉ (Cadre d’action et de coopération pour la transformation écologique) ou Pacte régional “Transitions en scènes” se voulant une éco-condition « douce » mais obligatoire ; des collectivités s’engageant de plus en plus dans l’accompagnement à la transition et trouvant auprès du COFEES les outils nécessaires.
Le COFEES tient à remercier chaleureusement l’ensemble des personnes présentes lors de cette journée. Les premiers retours très positifs, tant sur la qualité des interventions, que des informations partagées ou de l’animation des ateliers, incitent d’ores et déjà son équipe à se projeter sur l’organisation d’une seconde édition en 2025.
Une restitution de certaines séquences du FOCUS sera proposée ultérieurement, à travers un format vidéo conçu par le média Pioche! et plusieurs enregistrements audio qui seront publiés en libre accès sur le site internet du Collectif en décembre.